"Pan, t'es mort."
Hier soir j'ai encore (pleuré devant) regardé l'admirable Deux Jours à Tuer.
La prestation de Dupontel m'a une deuxième fois bouleversé.
Se sachant mourant, Antoine, son personnage, fait en sorte de se faire haïr de son entourage afin de rendre son départ plus facile. L'homme brouille toutes les frontières, entre égoïsme et altruisme, courage et lâcheté. Dans le spectacle exécrable qu'il nous offre, on ne sait plus, ce qui est vrai et ce qu'il ne l'est pas. Ses coups de gueule semblent d'une authenticité déstabilisante, si bien qu'on en vient à se demander si ce départ n'est pas un prétexte pour se décharger des futilités qui l'entoure plus que de simplement forcer le trait.
Et quelque part, on le comprendrait. Sa vie dans sa quasi totalité sonne fausse, superficielle, des réunions professionelles interminables autour d'un vulgaire pot de yaourt aux faux semblants de ses amis bobos maniérés.
Mais la dimension va bien au delà d'un homme qui envoie tout valser. On sent l'inachevé, on sent les failles, l'enfant en lui qui a manqué : d'un père, de réponses, de certitudes. On sent les remords et l'amour démesuré pour sa femme, ses enfants, son vieil ami, autant que la paix et la sérénité retrouvées peu à peu.
Le film est l'histoire d'un bilan brouillon et forcé, les pièces manquantes sont maladroitements greffées au puzzle, et quelque part, tant pis s'il en manque encore : l'essentiel a été là.
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